Pourriez-vous devenir le premier Madame pipi mâle de la station spatiale Omega 3000 ? Ou optimiser le rendement des mines de chocolat de la Lune ? La vie privée étant abolie, percerez-vous l’identité secrète de l’homme le plus riche du monde ? Comment lutter contre les monopoles informatiques si, lassée de vous voir taper à la machine, votre famille vous inscrit à une initiation aux ordinateurs ? Jouerez-vous un rôle majeur dans le destin de la galaxie ou resterez-vous un figurant ?
Toutes les réponses à ces questions (et à bien d’autres) sont désormais disponibles dans « Stagiaire au spatioport Omega3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur », un recueil de nouvelles désormais disponibles en ligne et dans toutes les librairies de Suisse. Il arrivera dans celles de France et de Belgique en février 2023.
Ce qui est un peu tard pour les cadeaux de Noël/Newtonmass, raison pour laquelle vous pouvez directement commander ce recueil chez l’éditeur.
=> Commander « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur »
« Stagiaire au spatioport Omega 3000 » est une idée cadeau idéale, car, contrairement à un roman, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, le livre offre ici 15 histoires très différentes. Certaines plus farfelues, d’autres sérieuses. Des rigolotes, des absurdes ou des interpelantes voire tout simplement poétiques. L’une évoque la problématique du genre dans le cadre du space opera ( « Stagiaire au spatioport Omega 3000 »). D’autres alertent sur l’emprise des monopoles informatiques ( « Le dernier espoir »), la disparition de la vie privée en ligne ( « Le jour où la transparence se fit » ) ou l’impact à très long terme de nos choix technologiques ( « Les successeurs » ).
En (vous) offrant ce recueil, vous offrez donc des moments de plaisir, de rire et de poésie, mais également, sans en avoir l’air, des pistes de réflexion et des introductions à des sujets potentiellement difficiles que vous, lecteurs de mon blog, vous connaissez probablement déjà.
Autour de la bûche de Noël, rien que le titre et la couleur de la couverture devraient occuper une bonne partie de la soirée et détourner un bon moment les conversations de la coupe du monde au Qatar, de la crise économique et de la guerre en Ukraine. Avouez que, à ce prix là, c’est donné !
Alors, plutôt que de parcourir les centres commerciaux surchauffés, offrir 15 nouvelles est une idée de cadeau rapide, chic et pas cher !
Pour ceux dont la liste de lecture peut attendre février, commandez le livre dès maintenant chez votre libraire. On ne se rend compte de l’importance des librairies que lorsqu’on les perd, soutenez-les ! L’ISBN est 978-2-940609-29-1.
=> Fiche du livre sur Place des libraires
Depuis ma plus tendre enfance, je dévore les recueils de nouvelles. J’adore quand les nouvelles sont entrecoupées d’anecdotes par l’auteur. Ce que fait Isaac Asimov avec un talent incroyable.
Lorsque Lionel, mon éditeur homonyme, m’a proposé de publier un recueil de nouvelles, j’ai d’abord pensé à les rassembler de manière traditionnelle, n’osant même pas tenter d’imiter le grand Asimov. Mon épouse m’a convaincu d’écouter mon intuition et de faire ce recueil avant tout pour moi, comme je voudrais le lire.
Donc acte. Chaque nouvelle est désormais accompagnée d’une petite note où j’explique l’inspiration et le processus d’écriture derrière le texte. Parfois, je digresse un peu sur les thèmes qui me sont chers. Vous me connaissez, on ne se refait pas…
Le résultat est que loin d’être juste un assemblage de texte, ce recueil est devenu une forme de mise à nu, un partage très intime entre l’écrivain et chaque lect·eur·rice. Avec mon éditeur, nous avons pris la décision d’inclure également quelques « erreurs de jeunesse ». Ce ne sont pas mes meilleurs textes, mais rendre transparente mon évolution personnelle est une manière d’illustrer mon travail et, je l’espère, d’inspirer d’autres à apprécier leurs propres progrès. Pour tout avouer, je n’ose pas me relire, je suis un peu gêné de ce que vous allez découvrir de moi. Tout en étant très fier d’offrir un recueil qui est bien plus que la somme des textes qui le composent.
Si vous lisez ce blog, ce recueil est ce qui s’en rapproche le plus au format papier. Tout en étant bien plus amusant et gai à lire. Le partager et le recommander est la plus belle manière de soutenir mon travail.
=> Commander « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur » (format papier)
=> Le recueil au format epub
Je serai très heureux d’avoir vos avis, vos réactions, de lire vos critiques sur vos blogs ou vos espaces en ligne respectifs. N’hésitez pas à m’envoyer vos retours. Sur Mastodon, je vous propose d’utiliser le hashtag #omega3000.
Et si vous avez découvert la surprise (qui est, si Wikipédia est exact, une première mondiale), chut ! Ne la spoilez pas pour les autres…
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Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.
Source : https://ploum.net/et-autres-joyeusetes-que-nous-reserve-le-futur/
Ce samedi 19 novembre, à 11h30, je donnerai une conférence à Toulouse au Capitole du Libre sur le thème :
Attention ! Cette conréfence n’est pas une conréfence sur le cyclimse ! Merci de votre compréhension !
Ça parlera de culture, de libre, de culture libre, de liberté de culture et de l’importance d’échapper à la monoculture, de libérer nos cerveaux en libérant nos références culturelles.
J’en profiterai pour annoncer quelques bonnes surprises dont je n’ai pas encore eu l’occasion de parler sur ce blog.
Après la conf, je resterai jusqu’au dimanche après-midi, assis à une table entre Pouhiou et David Revoy, excusez du peu, pour dédicacer mon roman Printeurs et, première surprise, mon nouveau recueil de nouvelles qui n’est officiellement pas encore sorti.
Quand je dis « pas encore sorti », je veux dire que même moi je ne l’ai pas encore vu. Mon éditeur a envoyé une poignée des tout premiers exemplaires imprimés directement à Toulouse. Je le découvrirai donc devant vous à la table de dédicace. Une exclusivité, comme le cassoulet, 100% toulousaine. Je peux cependant déjà vous dire que si vous êtes partisan du respect de la vie privée, si vous pestez contre l’invasion des smartphones ou que vous vous êtes déjà retrouvé face à un extra-terrestre gluant dans des toilettes qui ne correspondaient pas à votre sexe, vous devriez trouver votre bonheur dans ce recueil qui devrait arriver dans toutes les librairies françaises, belges et suisses en janvier.
Si vous êtes dans le coin, n’hésitez pas à venir faire un tour et, si le cœur vous en dit, à m’aborder.
J’ai découvert aux Imaginales à Épinal que plusieurs lecteurs hésitaient à m’aborder pour « ne pas me déranger ». J’avoue que je déteste être dérangé quand je suis concentré, mais si je vais à une conférence, c’est précisément pour rencontrer des gens. Donc pour être dérangé ! Et vous n’avez pas à vous justifier de ne pas acheter mes livres. D’ailleurs, les ventes seront assurées par un libraire professionnel.
Pour ceux qui préfèrent les versions électroniques, mais souhaitent malgré tout une dédicace, je vous propose de venir avec le morceau de papier/carton de votre choix. Je le glisserai dans ma machine à écrire pour vous faire un petit mot.
Parce qu’au fond de moi, ça me fait sacrément plaisir de retrouver une conf libriste, de me retrouver au milieu de geeks et geekettes en t-shirts déglingués, de discuter de vive voix après parfois près de vingt années d’échanges sur le net, de m’associer à d’autres Vimeurs pour troller les utilisateurs d’Emacs, de parler de Gemini et de naviguer en ligne de commande avec des gens qui trouvent ça normal (je peux vous faire une démo d’Offpunk, mon navigateur web offline), de vous donner des nouvelles de ma boulangère …
Bref, je suis sacrément content de vous (re)voir !
(non je ne suis pas malade en voiture. C’est juste que quand je suis content je vomis. Et là je suis hypercontent !)
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Source : https://ploum.net/presence-a-toulouse-au-capitole-du-libre-ces-19-et-20-novembre-avec-des-surprises/
Il y a un peu moins d’un an, j’ai supprimé mon compte Twitter. Un compte vérifié avec la célèbre icône bleue, suivi par près de 7000 autres comptes Twitter.
Si ce n’est pas exceptionnel, ce compte n’en était pas moins relativement « influent » sur l’échelle Twitter. J’ai pourtant décidé de tenter l’expérience de m’en passer complètement, pour voir. Je savais que j’avais un an pour faire marche arrière. Durant un an, mon compte serait « réactivable » avant d’être définitivement supprimé. Il me reste donc quelques semaines pour changer d’avis.
Et pourtant, cela ne me viendrait pas à l’esprit.
Je m’étais déjà déconnecté de mon compte Twitter pendant des périodes plus ou moins longues, jusqu’à trois mois. Mais la suppression est complètement différente. En quelques jours, j’ai tout simplement arrêté de penser à ce qui se passait sur Twitter. J’ai arrêté de penser que ce réseau existait. L’expérience a été la même que pour Facebook et LinkedIn : en supprimant le compte, je me suis ôté un poids énorme. C’est pour Twitter, le réseau auquel j’étais le plus accroc, que la sensation a été la plus forte.
Il est simple de se retirer des réseaux que l’on n’aime pas ou qu’on utilise peu. Le réel changement vient d’accepter de se retirer d’un réseau dont on connait la nocivité, pour soi et pour le monde, sans pourtant pouvoir s’en passer. Parce qu’on est persuadé d’en tirer plus de bien que de mal.
Je suis un blogueur et écrivain qui cherche la gloire. Qui cherche le buzz. Qui cherche à vendre des livres, à être lu, à toucher des lecteurs. Les réseaux sociaux sont littéralement conçus pour les gens comme moi. Et pourtant, ils me prennent beaucoup en m’apportant bien peu. Les pseudobénéfices ne sont que du vent. Une icône bleue à côté de mon nom ? La belle affaire ! Un nombre à quatre chiffres sous la marque « abonnés » ? Un simple attrape-nigaud pour que je tente à tout prix de le faire augmenter.
Twitter ne me manque pas. Au contraire. Je me demande sans cesse pourquoi je ne l’ai pas quitté plus tôt. Pourquoi ceux qui, comme moi, ont la conscience de la nocivité de cette plateforme la crédibilisent en restant dessus. (je ne vais pas leur jeter la pierre, j’en faisais partie il y a moins d’un an).
Je souris de la naïveté de certains utilisateurs qui s’indignent de l’arrivée d’Elon Musk à la tête de Twitter. C’était pourtant clair depuis le début, non ? Vous êtes des « utilisateurs ». Vous êtes une marchandise, vous créez la valeur de l’entreprise, que ce soit pour Elon Musk ou un autre. Vous êtes les pigeons et votre indignation ne fait qu’alimenter les débats, les interactions et donc les intérêts publicitaires.
Il n’y a pas de bonne manière d’utiliser un réseau propriétaire. En créant un compte, nous acceptons d’être utilisés, manipulé et que chacune de nos interactions y soit désormais monétisée.
Il y a déjà 5 ans, je tentais de promouvoir Mastodon, une alternative libre et décentralisée à Twitter. Je lis souvent des remarques comme quoi c’est beaucoup plus compliqué.
Non.
C’est juste différent. Si tu n’arrives pas à utiliser Mastodon, c’est que tu n’en as tout simplement pas envie.
C’est plus facile de manger un burger au Macdo qu’un plat équilibré avec des légumes. C’est plus facile de balancer ses déchets dans un parc plutôt que de faire du tri. L’argument de la facilité n’en est pas un. Le monde se modèle selon l’énergie que nous y mettons.
Il faut créer un compte avec un mot de passe et tout ? Sur Twitter aussi. C’est juste que tu as l’habitude. C’est juste que tu t’es connecté sur un serveur Mastodon, que tu as découvert que tu avais 0 follower, que tu n’avais plus la petite icône bleue, que tu ne savais plus « promouvoir tes tweets », que tu ne voyais plus des likes s’afficher en direct sous tes messages. Que tu n’es plus revenu et que donc tu as oublié ton mot de passe. Que c’est plus facile d’accuser le logiciel libre d’être compliqué plutôt que d’affronter sa propre vacuité.
Si tu n’as pas l’envie d’apprendre à utiliser Mastodon, c’est compréhensible. Personne ne te force. Mais n’accuse pas la plateforme.
Twitter est très bon pour te faire croire que tu es un utilisateur important. Mais sur le Fediverse, le réseau décentralisé auquel participent les serveurs Mastodon, il n’y a pas d’utilisateurs, encore moins des importants. Il y a juste des personnes qui sont toutes sur le même pied d’égalité.
C’est peut-être ça le plus difficile à accepter : ce n’est pas Mastodon ni le logiciel libre le problème. C’est toi. C’est toi qui cherches à te sentir important, à être valorisé. En achetant des vêtements chers, le dernier iPhone le jour de sa sortie, une grosse voiture ou une icône bleue à côté de ton pseudo Twitter. Ou tout simplement en ayant beaucoup de retweets, en étant beaucoup cité dans les débats.
La question n’est pas de faire un Twitter-sans-Elon-Musk. La question est de savoir ce que nous voulons, ce que nous cherchons. De faire la part entre ce que nous prétendons (« communiquer ») et ce que nous voulons réellement (« être valorisé », »avoir le sentiment d’exister »).
J’ai plusieurs fois suggéré de supprimer dans Mastodon l’affichage public du nombre de followers pour couper court à toute potentielle spéculation sur cet indicateur. Si je me rends compte qu’un compte à beaucoup de followers, j’ai tendance instinctivement à penser que cette personne est importante, que son avis vaut la peine d’être écouté. Je ne pense pas être le seul.
Si votre morale personnelle réprouve ce qu’est ou ce que devient Twitter, je ne peux que vous inviter à tenter l’expérience de supprimer votre compte. Rappelez-vous : vous avez un an pour changer d’avis.
Faites fi de ces conversations tellement importantes, de cette communauté que vous ne pouvez pas « abandonner », de ces ennemis virtuels qui verront votre départ comme une victoire. Tentez simplement de vous aligner avec vos propres valeurs morales. Juste pour voir.
Supprimer votre compte est également la seule et unique manière de protester, de toucher l’entreprise là où ça lui fait mal.
Bien sûr, vous pouvez aussi venir sur Mastodon. Mais ce n’est pas nécessaire. C’est même peut-être contreproductif. Si vous étiez accroc à Twitter, vous serez tenté de voir dans Mastodon un substitut. Il est sans doute préférable de se sevrer de Twitter avant de découvrir autre chose.
Installez l’extension libredirect dans votre navigateur, de manière à pouvoir continuer à consulter Twitter à travers l’interface Nitter (vous pouvez même suivre les comptes Twitter dans votre lecteur RSS). Sur Android, utilisez Fritter.
=> https://libredirect.codeberg.page/ Libredirect pour Chrome/Firefox
=> https://f-droid.org/en/packages/com.jonjomckay.fritter/ Fritter pour Android
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Source : https://ploum.net/la-legerete-dun-monde-sans-twitter/
En 2007, espérant monétiser ma réputation naissante de blogueur influent, j’ai installé des publicités Google sur mon blog. Les premiers mois furent de bonnes surprises (entre 100€ et 200€ par mois) avant que Google ne m’annonce qu’en raison des clics frauduleux sur mes publicités, la somme serait revue à la baisse (pour tomber très vite à 30-50€ par mois).
Ne cliquant pas sur mes propres publicités et étant d’une naïve honnêteté, ma première réalisation fut que Google pouvait me raconter absolument n’importe quoi, qu’ils pouvaient décider de leur tarif, que je n’avais de toute façon aucun recours. Que 30€, c’était mieux que rien.
Vraiment ? À ce moment précis, je me fis la réflexion que tout modèle publicitaire était intenable sur le long terme. Que la publicité ne pouvait fonctionner que si elle était une fraction d’un véritable échange économique, mais que, toute seule, la publicité ne permet rien. Si une entreprise paye pour une publicité, c’est parce qu’elle espère augmenter son bénéfice d’une somme supérieure à celle dépensée.
Ce qui nous place devant deux alternatives :
Soit la publicité fonctionne et elle entraine que les personnes exposées (à savoir les lecteurs de mon blog) dépensent plus d’argent que s’ils n’y avaient pas été exposés.
Soit la publicité ne fonctionne pas vraiment et toute l’industrie n’est qu’une gigantesque arnaque de laquelle il vaut mieux rester le plus éloigné possible.
Dans le premier cas, l’affichage de publicités sur mon blog était hautement immoral (je poussais mes lecteurs à dépenser tout en n’en obtenant qu’un très maigre bénéfice), dans l’autre cas je participais à une arnaque qui risquait de s’écrouler rapidement.
Force est de constater que j’étais un peu trop en avance : quinze années plus tard, l’arnaque semble encore fonctionner. Mais les premières fissures semblent apparaitre dans la pyramide. Dans tous les cas, il est clair que la publicité est hautement immorale. Que toutes les personnes qui y contribuent d’une manière ou d’une autre sont de sacrés enfoirés. Oui. Vous ! Votre métier consiste à attirer le plus possible l’attention des gens, à polluer leur esprit afin qu’ils consomment plus et polluent plus la planète. Pourrir la vie des gens tout en pourrissant la planète.
Tim Hwang, dans « Subprime Attention Crisis », et Cory Doctorow, dans « How to destroy surveillance capitalism », défendent tout deux la théorie de l’arnaque. Comme le souligne Cory Doctorow, à lire les rapports aux actionnaires de Facebook, leur plateforme serait une espèce de rayon magique invisible pour manipuler l’esprit des gens. Hautement improbable !
Cependant la publicité a un effet très clair : attirer notre attention, nous distraire, détourner les idées et créer des envies. Il semblerait que la publicité ciblée ne fonctionne en réalité pas beaucoup mieux que des publicités génériques. Voire pas du tout mieux. Cela n’empêche pas Google et Facebook de nous espionner sous toutes les coutures en espérant faire croire à leurs clients que ça fonctionne.
Une chose est certaine : Google (Alphabet) et Facebook (Meta) sont parmi les cinq plus grandes entreprises du monde. Avec Twitter et TikTok, elles occupent le centre des vies connectées (et donc des vies tout court) de milliards d’individus. Il est impossible d’acheter un téléphone sans Google. Il est impossible de lire un article de presse sans liens vers Twitter (Rick Falkvinge se plaisait à appeler la presse « Printed tweets from yesterday »). En rue ou dans les transports, l’immense majorité de la population est en permanence sur Instagram (Meta), Whatsapp (Meta également) ou TikTok (une entreprise chinoise qui a largement démontré son irrespectabilité).
L’immense majorité du chiffre d’affaires de ces quatre sociétés est généré par la publicité. On parle de chiffres plus gros que le budget de tout un pays.
Postuler que la publicité est un business « honnête » revient à dire que ces milliards d’euros ne seraient pas dépensés sans elle. Et donc revient à démontrer que la publicité appauvrit la population d’une manière démentielle en entrainant une surconsommation qui détruit littéralement la planète.
Grâce au smartphone, la publicité a colonisé chaque seconde de nos vies. Il n’en reste pas moins que ces vies sont limitées à une poignée de milliards de secondes et que nos portefeuilles le sont également.
Force est de constater que la publicité est, au moins en partie, une gigantesque arnaque. L’autre partie étant un business parfaitement immoral en pleine compétition avec l’industrie de l’armement pour savoir qui entrainera le plus rapidement la disparition de l’humanité.
Comme je l’avais découvert avec Google en 2007, le véritable problème de ce marché publicitaire est que les entreprises sont à la fois arbitre et partie prenante. Lorsque vous achetez des publicités chez un de ces géants, tout ce qu’ils vous offrent en échange sont… des chiffres qu’ils inventent.
Pour promouvoir un de mes livres, j’avais fait l’expérience d’acheter des publicités sur Twitter et Facebook en spécifiant que je voulais cibler la Belgique. Sur Twitter, j’ai obtenu des milliers « d’impressions » (le terme pour dire que mon tweet a été affiché chez un utilisateur) et des dizaines de retweets. À l’inspection, tous ces retweets provenaient de comptes vraisemblablement faux (comptes sans interactions, dans une langue étrangère, mais, comme par hasard, contentant tous un drapeau belge dans leur description). De son côté, Facebook m’a informé que des centaines de personnes avaient cliqué sur le lien de ma campagne de financement. Chose étrange, aucun de ces clics n’apparaissait dans les statistiques du site de crowdfunding. L’impact sur les ventes a été absolument nul.
Ces réseaux sont tellement remplis de faux comptes et de fausses interactions que cela en devient gênant. Elon Musk a notamment fait trainer son offre de rachat de Twitter lorsqu’il s’est rendu compte de l’importance du problème (ce qui en dit long sur sa méconnaissance de ce type de business). LinkedIn (Microsoft) est confronté à un problème similaire : la majorité des interactions y sont fausses. Même vos statistiques Google Analytics sont majoritairement remplies de visites de robots.
La situation est simple : nous voulons tous plus de « clics » sur nos contenus et des followers, les grandes entreprises ont pris le contrôle du Web pour nous offrir ces clics et ces followers. Ils nous offrent des compteurs de clics et un moyen de faire augmenter ces clics avec une simple carte de crédit. Ils nous vendent une monnaie de singe de leur propre inventions contre notre argent véritable, un peu comme certaines sociétés de jeux en ligne. Tant qu’il y’a des pigeons pour payer, pourquoi s’en priver ?
Le géant Procter&Gamble a d’ailleurs annoncé avoir coupé complètement tous ses budgets publicitaires pour les réseaux sociaux et n’avoir perçu absolument aucune différence dans les ventes.
Tout n’est pas complètement faux. Facebook s’est fait une spécialité de vous permettre de créer une « communauté », mais de vous forcer à payer pour envoyer des messages à une partie de cette communauté. Avec mes 2500 followers sur Facebook, j’avais découvert à l’époque que chaque message touchait en moyenne 1%, mais que, en payant, je pouvais monter à 5% voire 10% de « ma communauté ». Facebook me faisait croire que j’atteignais un public alors qu’en réalité, je devais payer pour contacter moins de gens que si je leur avais conseillé de s’abonner par mail ou RSS.
Mais même lorsque payer permet réellement d’entrer en contact avec un être humain, cette interaction est généralement d’une qualité incroyablement faible. Dans le train, le bus ou l’avion, observez l’écran des autres voyageurs. Ils font défiler à toute vitesse, s’arrêtant parfois une seconde pour mettre un like sans même prendre le temps de lire. Lorsque la publicité n’est pas une simple arnaque, tout ce qu’elle vous offre est donc d’apparaitre quelques fractions de seconde sur un écran en train de défiler.
Sur LinkedIn, j’ai durant quelques mois tenté d’accepter les offres d’emplois qui m’arrivaient par messages privés. Alors que pour les besoins de l’expérience j’acceptais toutes les conditions sans discuter, aucune des dizaines de demandes n’a jamais débouché sur quoi que ce soit. En fait, je n’ai reçu que quelques réponses à mes dizaines d’acceptations et, malgré des relances de ma part, toutes ces discussions ont tourné en eau de boudin, mes interlocuteurs étant passés à autre chose.
Même lorsque les géants publicitaires remplissent leur part du contrat de manière honnête, force est de constater qu’il s’agit d’une arnaque.
Comme d’habitude, tout n’est que question de métrique. Si vous êtes dans un job où votre chef vous demande d’augmenter les clics sur un site web ou d’obtenir des followers, alors cela a complètement du sens d’acheter ces clics ou ces followers.
Mais si vous avez un peu plus de recul, la véritable question est « Quel est l’objectif du business ? » et « Quelles sont les métriques véritablement corrélées à cet objectif ».
Ce n’est pas parce que Google, Facebook et les autres vous offrent un beau pack de métriques toutes faites et d’un moyen de les optimiser que cela convient à votre business. En fait, de manière générale, tout fournisseur qui prétend vous vendre l’observation de métriques décidées par lui, mesurées par lui et optimisées par lui est par essence un escroc.
À part dans de rares cas, il est même probable que le fait d’avoir un Google Analytics sur votre site soit préjudiciable à votre business. Le simple fait d’avoir accès à ces statistiques va vous faire prendre des décisions pour augmenter le nombre de visites sur votre site, ce qu’on appelle SEO. Ensuite, vous allez tenter de comprendre pourquoi vos visiteurs qui affluent ne passent pas commande alors que vos techniques de SEO ont justement fait affluer une masse de gens (lorsque ce ne sont pas des robots) qui ne sont a priori pas concernés par votre business. En essayant d’être trouvé par tout le monde, vous perdez de vue le cœur de votre marché, à savoir ceux qui vous cherchent.
L’omniprésence des métriques web fournies par Facebook, Google et compagnie fait que plus personne n’imagine ne pas optimiser ces métriques, même les services publics, les écoles, les restaurants, les business de proximité, les entreprises qui ont une relation humaine avec leurs clients. Bref, l’immense majorité de l’économie.
C’est ce qui a fait la fortune de Google et Facebook : ils ont confisqué l’économie, l’ont pris en otage en convainquant le monde entier qu’il n’y avait pas d’autre manière de faire du business qu’en augmentant les clics sur le web. Et que la seule manière d’y arriver, c’est de passer par leur monopole.
Tant qu’il y’aura des pigeons pour payer des publicités, ces entreprises survivront. Même si les publicités sont pour promouvoir des services vivant eux-mêmes de la publicité ? Sur Android, par exemple, les jeux font souvent la publicité d’autres jeux publicitaires. Sur Facebook, beaucoup de médias, y compris ceux financés par l’argent public, font leur publicité afin d’attirer des visiteurs pour visionner… leurs propres publicités.
Il n’est pas compliqué de comprendre que tout cela tourne en boucle et que le jour où tout cela s’écroulera, ce ne sera pas très beau à voir. Que tous vos investissements pour obtenir des abonnés, pour obtenir des vues et des clics seront réduits à néant.
Briser l’incroyable puissance de ces monopoles morbides ne passe pas par l’utilisation d’alternatives ou de succédanés, mais par la réalisation profonde que nous n’avons tout simplement pas besoin d’eux.
Qu’ils ne survivent qu’en nous faisant croire à la fable qu’ils sont indispensables.
Que sous les apparences de technologie et de scientisme, ces business ne sont que de simples religions qui contrôlent ceux qui veulent bien y croire, qui extorquent l’argent de leurs fidèles en leur faisant croire que c’est la seule option viable pour gagner le paradis.
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À voir l’affiche et la bande-annonce, l’année du requin s’annonce comme une comédie estivale des plus traditionnelles, sorte de croisement entre « Les gendarmes de Saint-Tropez à la pêche au requin » et « Les bronzés au camping 3 ».
Heureusement, la lecture des critiques m’avait mis la puce à l’oreille. L’année du requin n’est pas une énième comédie franchouillarde de type sous-splendid, au grand plaisir ou au grand dam des commentateurs. Les gags de la bande-annonce s’enchainent dans les premières minutes du film. Comme prévu, le gendarme Maja, Marina Foïs, se prend un seau d’eau et une vanne comique de la part de son collègue Blaise, Jean-Pascal Zadi. Rires bien vite étouffés par la réplique tranchante d’une Marina Foïs qui crève l’écran en gendarme fatiguée par une carrière assez terne dans une ville où la spécialité est de poser ses fesses dans le sable et de regarder la mer : « Ce n’est pas gai de se prendre un seau d’eau lorsqu’on est en service. » Sourires gênés de ses coéquipiers et du public.
Le ton est donné. Le prétexte comédie n’était qu’un attrape-nigaud. Si le film regorge de pépites humoristiques, celles-ci se font discrètes, sans insistance (comme le coup de la garde-robe de Maja, entraperçue une seconde en arrière-plan). Là n’est pas le propos.
Le propos ? Il n’est pas non plus dans l’histoire, assez simple pour ne pas dire simplette : un requin hante les côtes de la station balnéaire de La Pointe et, à la veille de la retraite, la gendarme maritime Maja décide d’en faire son affaire.
Pas de comédie désopilante ? Pas d’histoire ? Mais quel est l’intérêt alors ?
Tout simplement dans l’incroyable panoplie d’humains que la caméra des frères Boukherma va chercher. Chaque personnage est ciselé, la caméra s’attardant longuement sur les défauts physiques, les rides, les visages bouffis, fatigués, vieillis, mais également souriants et pleins de personnalité. Au contraire des frères Dardennes, l’image ne cherche pas à servir un ultra-réalisme social. Il s’agit plutôt de mettre à l’honneur, d’héroïfier ces humains normaux. En contrepoint à ces anti-superhéros, le film offre un maire jeune, lisse et sans caractère ni le moindre esprit de décision (Loïc Richard). Parachuté depuis Paris, il se réfugie, symbole de cette lutte des classes omniprésente, derrière une visière anti-covid. Des Parisiens qui sont à la fois détestés par les locaux, mais nécessaires, car faisant tourner l’économie.
** Entracte publicitaire **
Acteur bordelais, Loïc Richard est réputé pour son travail de la voix. J’ai eu l’occasion de collaborer avec lui lorsqu’il a enregistré la version audiolivre de mon roman Printeurs, disponible sur toutes les plateformes d’audiobook. Autant il joue à merveille le personnage fade et lisse dans le film, autant il peut prendre des intonations sombres et inquiétantes dans sa lecture de Printeurs. Je ne pouvais quand même pas rater de placer cette anecdote
=> https://voolume.fr/catalogue/sf-et-fantasy/printeurs/
** Fin de l’entracte, merci de regagner vos sièges **
Dans la première partie du film, Maja part à la chasse aux requins et tout se passe, à la grande surprise du spectateur, un peu trop facilement. La gendarme devient, malgré elle, une héroïne des réseaux sociaux. Mais au plus rapide est la montée, au plus dure est la chute. Au premier incident, qui n’est clairement pas le fait de Maja, elle devient la bête noire. Harcelée, elle en vient à paniquer dans une courte, mais puissante scène de rêve. Le propos est clair : le véritable requin est l’humain, alimenté par les réseaux sociaux et par les médias, symbolisé par une omniprésente radio réactionnaire qui attise les haines sous un vernis pseudohumoristique. Sous des dehors de petits paradis balnéaires, la haine et la rancœur sont tenaces. Sous la plage, les pavés. L’éden est amer.
À partir de la séquence onirique, le film perd progressivement tout semblant de réalisme et l’humour se fait de plus en plus rare. Les codes sont inversés : si l’humour était filmé de manière réaliste, les images d’action et d’angoisse sont offertes à travers la caméra d’une comédie absurde, l’apogée paradoxal étant atteint avec le rodéo impromptu de Blaise et le réveil surréaliste d’une Maja qui s’était pourtant noyée quelques minutes auparavant. Tout donne l’impression que Maja a continué son rêve, que la lutte contre le requin se poursuit dans son inconscient.
Étrange et déstabilisant, le film fonctionne entre autres grâce à un travail très particulier du cadre et de la couleur. Chaque plan résulte d’une recherche qui porte le propos, l’émotion. Lorsqu’elle est sur son ordinateur, Maja est baignée d’une lumière froide alors que son mari, à l’arrière-plan, représente la douceur chaleureuse du foyer. « Tu devrais arrêter Twitter », lance-t-il machinalement en partant dans la nature alors qu’elle reste enfermée devant son smartphone. Lors des confrontations entre les époux, la caméra se décentre souvent, donnant une perspective, un retrait, mais une intensité aux échanges.
Le titre lui-même porte une critique sociale très actuelle : « L’année passée c’était le covid, cette année le requin. Ce sera quoi l’année prochaine ? ». Le requin est le pur produit d’un réchauffement climatique entrainant des catastrophes face auxquelles tant les politiciens, les écologistes et les réactionnaires sont impuissants. Chacun ne cherchant finalement qu’à se dédouaner de toute responsabilité. Comme le dit le maire : « Ça va encore être la faute de la mairie ! ».
Sans y toucher, le film démontre le succès et la nécessité de décennies de lutte féministe. Le personnage principal est une femme qui s’est consacrée à sa carrière avec le soutien d’un mari effacé et très gentil (Kad Merad, incroyablement humain en mari bedonnant). Son assistante Eugénie est une femme (Christine Gautier). Pourtant, encore une fois, aucune insistance n’est placée sur le sujet. Le sexe des personnages importe peu, les relations étant, à tous les niveaux, purement basées sur leur caractère. Aucune séduction, aucune histoire d’amour autre qu’un mariage de longue date entre Maja et son mari, aucune mièvrerie. Le tout avec des interactions humaines profondément réalistes (dans des situations qui le sont évidemment beaucoup moins).
L’année du requin n’est certes pas le film de la décennie, la faute probablement à un scénario un peu simplet, il offre néanmoins une expérience cinématographique originale, nouvelle. Les frères Boukherma nous gratifiant d’un nouveau genre : celui de la parodie sérieuse qui ne se prend pas la tête. Fourmillant de trouvailles (la radio, la voix off particulièrement originale), le film mêle plaisir, clins d’œil aux cinéphiles, critique sociale et cadre original, le tout servi par des acteurs dont les talents sont particulièrement bien exploités.
Que demander de plus ?
Une morale ? Le film se termine justement sur une morale gentille, mais pas trop bateau et parfaitement appropriée : « Il y a deux types de héros. Ceux qui veulent sauver le monde et ceux qui veulent sauver ceux qu’ils aiment ».
Si l’année du requin ne sauve pas ni ne révolutionne le monde, il saura offrir quelques heures de plaisir à ceux qui cherchent des saveurs nouvelles sans se prendre la tête et qui aiment ce cynisme un peu grinçant qui ne s’inscrit dans aucune case précise. Il m’a clairement donné envie de découvrir Teddy, le premier film de ce jeune tandem de réalisateurs jumeaux. Et si après le loup-garou et le requin, ils décident de s’attaquer à la science-fiction, je suis volontaire pour leur pondre un scénario.
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Source : https://ploum.net/lannee-du-requin-leden-amer/